Accueil » Investir dans l’immobilier entrepreneurial » Rentabilité d’un coliving
Je vous propose d’aborder le coliving et l’investissement dans ce type de logement. C’est un concept très intéressant qui me passionne, mais je voudrais attirer votre attention sur des points de vigilance. C’est pourquoi j’ai écrit cet article assez didactique.
C’est un type d’habitation partagée, proche de la colocation, mais de façon améliorée et plus élaborée. Les structures vont de la petite à la très grande résidence, en passant par les maisons et la résidence intermédiaire. Nous allons voir cela plus en détail en faisant un état des lieux du marché. Puis, je vous ferai part de mes réflexions sur le sujet. C’est parti.
Colonies est représentatif de ce qu’est le coliving : le niveau palace de l’hôtellerie, mais en colocation. Vous disposez d’un large choix d’équipements et de commodités, plus développé que ce que l’on peut trouver en colocation : barbecue, jardin, spa, sauna, Netflix, Amazon prime, etc. Le tout en collectivité. En revanche, contrairement aux auberges de jeunesse ou à la colocation classique, la chambre et la salle de bain sont privatives. On trouve beaucoup de maisons de campagne à proximité d’universités, car les étudiants sont parmi les clients visés. Certaines possèdent même des mini fermes et des poules.
Les colivers peuvent choisir les personnes avec lesquelles ils vont cohabiter via un système de présélection. Nous allons voir que l’aspect communautaire est très important. Les tarifs sont assez élevés, ce qui est normal vu les prestations proposées, mais tout de même un petit peu plus chers que la moyenne.
Colonies permet aussi à des investisseurs particuliers d’investir à leurs côtés soit en louant leur bien, soit directement sans logement préalable. Le site prend en charge la gestion du coliving de A à Z : travaux, décoration, rénovation, etc. Ce sont souvent des habitations très esthétiques et très tendances, avec un effet waouh. Le site s’adresse également à des investisseurs institutionnels et propose des rendements légèrement supérieurs au marché. En passant par eux, vous avez des frais de gestion, mais vous êtes un investisseur passif à 1 000 %.
Les avantages sont nombreux :
Les offres de logements de Colivme se situent en France et en Europe, sur un modèle start-up. Vous retrouvez les trois critères les plus importants pour les clients :
Colivme mise sur ses prix. En tenant compte des charges, de la taxe d’habitation, de l’assurance, du wifi, du ménage et de la salle de sport, la colocation d’un studio meublé coûte 835 €, le coliving 850 €. Il s’appuie sur des tarifs relativement peu chers compte tenu des prestations proposées, ce qui mérite d’être vérifié avec attention. J’estime néanmoins que c’est un peu élevé.
Outsite permet de devenir membre pour 149 € par an. Vous intégrez une communauté, partagez des espaces de coliving, travaillez de n’importe où. Le mode de vie nomade est mis en avant. L’idée, c’est d’être dans la sélection, le club, l’exclusivité et d’adhérer à une philosophie, une façon de faire. C’est de rechercher cette rareté créée par les systèmes de coliving.
Avec Cooliving, le concept se pratique aussi dans des petites villes, mais c’est encore émergent. Selon moi, le marché n’est pas assez mature pour pouvoir se positionner. Certains commencent à le mettre en œuvre dans des villes de taille moyenne, ce qui peut intéresser les investisseurs du fait d’un immobilier plus bas. À surveiller.
Les services proposés sont :
Lime offre le concept sur Biarritz et prévoit de nouveaux logements sur Bayonne, Caudéran et Talence. On retrouve les notions de communauté et de bien-être. Il semble plus prometteur. Attention tout de même, car il y a une incertitude sur le marché.
Colonies a été baptisé le « WeWork français du coliving » suite à sa levée de fonds de 180 millions d’euros. WeWork est le leader mondial du coworking, mais il connaît beaucoup de difficultés. J’aborde ce point extrêmement important, car le modèle économique de ces gros acteurs n’est pas un modèle de rentabilité économique en premier.
C’est un modèle de levée de fonds, un peu comme le système Uber. Or, à ma connaissance, Uber ne gagne pas d’argent. Il s’agit de modèles sur lesquels on crée de la valeur capitalistique. Vous émettez des parts sociales, des actions. Vous faites entrer des investisseurs et la société est évaluée à tant d’euros. C’est un peu comme de la valorisation boursière. Prenez Bernard Arnault, 2e fortune mondiale : sa fortune n’est pas liquide, personne ne va l’acheter à ce prix-là. S’il venait à vendre ses actions, il y aurait certainement négociation et baisse du prix. Le raisonnement d’un investisseur particulier n’est pas le même que celui de ce type d’entreprise qui fonctionne sur des modèles qui nous dépassent.
On retrouve les colivings communautaires surtout dans les petites villes. Sur Saumur par exemple, l’Église propose un coliving prière, c’est-à-dire un foyer fraternel. Les chambres sont assez spartiates et vous partagez la cuisine, les w.c. et la douche. Le loyer coûte 430 €, ce qui est très élevé par rapport au marché que je connais bien. Là aussi, le modèle n’est pas éprouvé pour les petites structures.
Le coliving autour d’une passion est très tendance. Coworksurf propose le concept autour du surf à l’international : Portugal, Tenerife, Costa Rica, Turquie, Mexique, Sri Lanka. Au-delà du surf, l’ambiance et le lien social sont essentiels. Ce dernier représente tout de même 75 % du bonheur d’un être humain ! La pandémie a déclenché un véritable engouement pour le vivre ensemble, une forte demande et une réelle appétence.
Les retraites : une démarche plus philosophique
Queen of retreats illustre une autre démarche avec des retraites qui se rapprochent du développement personnel, presque spirituel. Ce n’est plus du coliving, car l’hébergement est classique, mais un modèle similaire aux séminaires avec des randonnées, du yoga, des retraites silencieuses, etc. Le site est en anglais, mais propose notamment des logements en Provence française, destination très renommée à l’étranger. Le branding est extrêmement bien travaillé.
Le nomadisme digital connaît un véritable essor, notamment sur l’île de Madère, « premier village pour nomades numériques ». Puisqu’ils peuvent se le permettre, les nomades digitaux choisissent de se retrouver dans des lieux d’exception. L’île des Açores l’a bien compris et communique de façon à les attirer le plus possible. Malte est une autre destination moins sollicitée, mais sans volonté politique, malgré l’attrait fiscal.
Novo Monde est le blog de deux nomades digitaux qui partagent leur vie de coworker et de coliver autour du monde. Cet essor social, loin de décroître, ne va faire qu’augmenter, surtout avec ce genre de blog qui distribue des petites bulles de bonheur qui donnent envie. Ils racontent par exemple leur expérience de coliving dans un endroit reculé des Hautes-Alpes, ainsi qu’au fin fond de la Galice. Ce type de logement est donc possible dans des lieux isolés et dans les milieux ruraux, encore faut-il savoir communiquer sur le sujet. C’est ce que ce blog semble maîtriser puisque l’outil SEObserver nous montre qu’ils reçoivent 1 000 visiteurs par mois, ce qui est énorme !
Google Trend est un outil qui permet d’analyser les tendances des recherches des internautes. Observons les courbes du coliving de 2004 à 2016 dans tous les pays : la requête est inexistante. À partir de 2016, l’intérêt s’accroît de plus en plus, jusqu’à retomber pendant le confinement. L’on remarque ensuite un intérêt de presque 100 % en mai 2021, ce qui confirme une tendance haussière. En France, l’intérêt est moins marqué qu’à l’étranger, mais l’on a une tendance de fond. Du côté de la colocation, elle était très en vogue il y a quelques années, puis a décliné. Malgré un léger regain, c’est une tendance à la traîne, plutôt décroissante.
Le coliving s’adresse à trois populations différentes selon l’étude de BNP PARISBAS sur le coliving :
La « part des personnes vivant seules par classe d’âge » de 1999 à 2015 passe :
Cela illustre bien une tendance de fond selon laquelle nous n’arrivons plus à combler les liens sociaux. C’est un véritable enjeu pour les investisseurs et pour les entrepreneurs que nous sommes. Le coliving représente une solution d’hébergement idéale pour les étudiants et les microentrepreneurs qui ne cessent de croître. D’une part, le nombre d’entrepreneurs individuels passe de 126 000 en 2000 à 547 000 en 2018. Travaillant seuls, ils se situent dans des modèles sociaux insatisfaisants, ce qui crée un besoin. D’autre part, le nombre d’étudiants augmente de 1,6 % par an.
Vous retrouvez ensuite différents points vus ensemble : les structures, les services, le modèle économique et les acteurs du marché. La tendance du marché du coliving en France va-t-elle s’accroître ou est-ce juste un effet de mode ? Je penche plutôt pour l’effet hype, mais tout ce qui est communautaire autour du sport, de la spiritualité, du bien-être et du nomadisme digital va se consolider. Appuyez-vous sur ces quatre tendances d’intérêt croissant.
Le coliving présente du potentiel, mais vous devez valider la faisabilité économique de votre projet. À ce jour, je n’ai pas trouvé un modèle économique viable à petite échelle, ce qui correspondrait à un investissement en dessous du million d’euros. En effet, tous les projets intéressants dépassent le million. Pour prolonger l’étude des tendances autour de la reprise d’entreprises, je vous invite à regarder ma conférence.
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