Comment structurer une société d’investissement ? 

Vous souhaitez structurer une société d’investissement et de Private Equity ? Avant tout, je vous invite à lire mon article précédent sur la création d’une société ou d’un fonds d’investissement. Vous aurez ainsi une meilleure compréhension des notions abordées. Nous allons maintenant nous intéresser aux étapes nécessaires pour réaliser une telle opération en comparant deux méthodes : celle de l’entrepreneur et celle de l’investisseur. Le but de cet article est de vous faire prendre conscience des différences afin que vous adoptiez le bon point de vue. 

Les étapes de la structuration d’une société d’investissement selon l’entrepreneur

  1. Chercher une entreprise à reprendre

La toute première action est de s’efforcer de trouver une entreprise. Cette recherche va se faire de diverses manières avec plus ou moins de succès, notamment via des opportunités et son réseau. 

  1. Contacter le cédant

Une fois que la société est trouvée, l’entrepreneur contacte le cédant, toujours avec plus ou moins de succès et selon des stratégies diverses et variées.

  1. Négocier et signer un précontrat 

L’entreprise correspond à ses attentes, le contact est établi, l’entrepreneur peut négocier et signer une LOI (letter of intention, lettre d’intention). Les deux parties se mettent d’accord sur la chose et le prix, conformément aux termes juridiques. 

  1. Chercher un financement

Il s’agit le plus souvent d’un financement bancaire, même si d’autres façons de faire existent (crédit vendeur, investisseurs, etc.). Ce financement va être accepté ou refusé en fonction des critères de la banque et de la qualité de la présentation du projet.

  1. Mettre en place un système de délégation

Le repreneur peut passer à la phase d’exploitation de la société. Au bout de quelque temps, il met en place un système pour déléguer cette gestion, pour ne plus avoir à l’exploiter par lui-même et que l’entreprise ne dépende pas que de lui.

Les deux inconvénients de l’approche entrepreneur

La structuration façon entrepreneur est l’approche de 90 % des repreneurs que je côtoie. C’est la méthode que j’avais jusqu’à il y a maintenant deux ans. Cette première approche n’est ni bonne ni mauvaise, mais elle présente deux inconvénients majeurs :

  • Vous êtes seul face aux problèmes.
  • Vous ne faites qu’une chose : surmonter les difficultés. 

En effet, c’est un franchissement d’obstacles perpétuel : trouver l’entreprise, convaincre le cédant, signer un contrat, se battre avec la banque, mettre en place un système de délégation, faire confiance à des salariés, etc. C’est un combat permanent pour pouvoir aboutir. Heureusement, il y a une deuxième façon de faire. 

Structurer une société d’investissement selon une stratégie d’investissement

Il est possible de structurer une société d’investissement en ayant un regard différent de celui de l’entrepreneur : c’est la vision de l’investisseur. J’ai moi-même adopté et mis en place ce nouvel angle depuis un certain temps. Dans cette configuration, la toute première action n’est pas de chercher une entreprise à reprendre.

La phase initiale consiste à prendre le temps de la réflexion, seul ou à plusieurs. Elle repose sur l’élaboration d’une stratégie d’investissement qui est une stratégie de groupe. C’est-à-dire que vous déterminez, non pas votre méthode à vous, mais celle de la société d’investissement dans sa globalité. Je vous expose tout de suite les 3 étapes qui vont vous permettre de bâtir ce dispositif.

Choisir un secteur de prédilection en fonction de critères précis

Commencez par choisir un secteur d’activité selon votre domaine de prédilection et qui remplisse des critères précis. Pour cela, vous devez vous interroger sur :

  • L’état du marché 

Déterminez d’abord la mission et la vision de votre société. Puis, identifiez le marché dans lequel elle va se positionner : un marché porteur ou peu porteur, impacté par le covid ou non, en croissance ou pas, etc. En fonction de ces éléments, quel benchmarking allez-vous mettre en œuvre ?

  • Les compétences et connaissances 

Identifiez ensuite les compétences et les connaissances que la société d’investissement et ses investisseurs peuvent apporter dans ce secteur précis. Par exemple, vous souhaitez vous orienter vers l’industrie, le service ou l’immobilier : avez-vous de l’expérience ou un savoir dans ces domaines ? Renseignez-vous également sur l’environnement fiscal et la législation. 

Établir un plan de financement avant la recherche d’entreprise

Vous ne possédez pas encore les comptes de l’entreprise, il ne s’agit donc pas d’établir son prévisionnel. Cette deuxième étape consiste à déterminer le type de rentabilité sur lequel vous voulez vous projeter ainsi que les partenaires avec lesquels vous souhaitez vous allier.

Le financement vu dans la première approche bloque souvent par manque de contact préalable. Ici, il convient de rencontrer les partenaires financiers. Quand vous les contactez, demandez-leur :

  • Quels sont leurs critères d’adossement à votre groupe ?
  • Qu’est-ce qui les motive à vous suivre ou à ne pas vous suivre ?
  • Sur quel domaine souhaitent-ils se positionner ?

Bâtissez avec eux, comprenez leurs attentes. Cela vous permet d’aller voir l’entreprise en ayant déjà le financement, car vous vous êtes renseigné au préalable sur les critères d’acceptation de vos partenaires. Votre capacité de financement est ainsi renforcée et sécurisée dans le cadre de vos futures opérations.

S’adjoindre des compétences qui vont renforcer sa crédibilité

Aujourd’hui, vous partez peut-être d’une position dans laquelle vous n’avez pas 100 % de crédibilité dans le secteur envisagé. Pire, vous pensez l’avoir, mais ce n’est pas le cas aux yeux de vos partenaires. Dans cette situation, l’entrepreneur qui cherche un financement se voit opposer un certain nombre d’arguments injustifiés tels que : la période n’est pas favorable, le montage ne convient pas tout à fait, les engagements n’ont pas encore répondu au dossier, etc. Puis il finit par recevoir un refus qui va forger ses croyances : les banques ne prêtent plus, ce n’est pas le bon moment, je ne suis pas doué, etc. Toutes ces croyances négatives freinent son ambition. 

L’investisseur ne se laisse nullement perturber par cela et va s’adjoindre les compétences nécessaires. C’est ce qui s’appelle se constituer un board : s’entourer de professionnels, des personnes qui ont une expertise particulière et qui vont ainsi pouvoir renforcer votre stratégie d’investissement. C’est seulement après avoir élaboré votre méthode que vous pouvez contacter le cédant et établir le précontrat.

Les avantages de la méthode investisseur

Dès le départ, vous mettez en place une organisation indépendante du cédant et de vous-même avec des objectifs chiffrés clairs. La roadmap – la feuille de route – est déjà rédigée alors que façon entrepreneur, on écrit la roadmap en même temps. 

C’est comme si côté investisseur, vous faisiez le plan d’architecte et validiez avant de construire la maison. Alors que côté entrepreneur, vous édifiez la maison en même temps que vous dessinez le plan d’architecte. Ou encore, imaginons que vous vous apprêtiez à effectuer un triathlon, soit à enchaîner course à pied, natation et cyclisme. L’entrepreneur part sans étudier son itinéraire. Au départ, il est galvanisé, mais il s’épuise très rapidement. Tandis que l’investisseur se prépare en amont. Il a une vision très claire de toutes les étapes, du temps nécessaire, du parcours, du nombre de kilomètres, etc. Il est totalement prêt et la course est plus facile pour lui.

Si vous ne deviez retenir qu’une chose, c’est que l’investisseur n’est pas seul. Il évolue dans un écosystème en interaction avec d’autres personnes qui vivent la même chose que lui : ses partenaires. Tout est beaucoup plus fluide.

L’état du crédit en France

On entend souvent que le crédit n’est pas accessible aujourd’hui. En fait, si les conditions d’octroi se renforcent, le crédit, lui, reste accessible. Pour le vérifier, il suffit d’aller sur le site de la Banque de France et de consulter les statistiques trimestrielles sur la croissance des crédits dédiée aux TPE. 

Si nous prenons les chiffres du 3trimestre (T3) 2020, on s’aperçoit que : 

  • Les crédits à l’équipement passent de +9,6 % au trimestre précédent à +7,8 %.
  • Les crédits immobiliers passent de +7,7 % à +8,3 %. Ce petit décalage peut être dû au report des achats immobiliers.
  • Les crédits de trésorerie sont à des taux plus élevés qu’en 2018.
  • La France a un taux de crédit particulièrement bas et nettement inférieur aux pays de la zone euro.

Cette difficulté perçue n’est donc pas effective dans les chiffres et le crédit reste facilement accessible pour les petites entreprises. 

Pour finir, retenez qu’il ne faut pas partir sans stratégie comme le font la plupart des repreneurs et que le crédit ainsi que le financement demeurent accessibles. Sachez aussi que l’investissement dans l’économie réelle intéresse les institutionnels. Vous pouvez ainsi vous adosser à eux pour réaliser vos projets. Vous souhaitez reprendre des entreprises en déployant une stratégie d’investisseur ? Rejoignez notre accompagnement sur l’investissement en Private EQUITY !